Etam : une étudiante voilée dit avoir été discriminée en postulant, la responsable du magasin mise à pied

La jeune femme, qui souhaitait déposer sa candidature dans le magasin de vêtements, affirme avoir été discriminée par une responsable.

 Les magasins Etam vendent des vêtements prêt-à-porter et de la lingerie. (Illustration)
Les magasins Etam vendent des vêtements prêt-à-porter et de la lingerie. (Illustration) Wikimedia Commons/Georges Seguin

    « Je suis bloquée, je n'arrive pas à aller dans d'autres magasins pour déposer ma candidature. » Une étudiante portant le hijab (un voile couvrant la tête et le cou), à la recherche d'un emploi, explique avoir été victime de discrimination à l'embauche dans un magasin d'Etam à Montpellier (Hérault). Elle souhaite d'ailleurs porter plainte.

    La jeune femme, qui a publié son témoignage lundi sur Twitter et Instagram, explique s'être rendue dans le magasin de prêt-à-porter afin d'y déposer son CV et sa lettre de motivation auprès de la responsable du magasin. « Et là, elle me regarde et me dit : "J'espère que c'est une blague, vous n'êtes pas sérieuse ? Vous êtes voilée et vous me demandez un travail, alors que c'était la journée de la femme il y a même pas deux jours !" », raconte-t-elle.

    « Elle m'a dit : "Déjà, vous ne vous présentez pas comme ça dans mon magasin pour demander une embauche. Vous devez enlever votre voile avant de rentrer. Je suis désolée, mais je n'accepte pas les voilées." », poursuit-elle dans sa vidéo.

    Un appel au boycott sur les réseaux sociaux

    Le témoignage, qui a beaucoup été partagé sur les réseaux sociaux, a attiré l'attention du groupe Etam mardi. « Je viens de prendre connaissance de ce qui s'est passé dans notre magasin », assure, en réponse, Cédric Taravella, directeur général de l'enseigne. « Sachez que chez Etam, nous comprenons votre émotion et sommes désolés de ce qui s'est passé. C'est effectivement contraire à nos valeurs. »

    En réaction à ce témoignage, de nombreux internautes ont appelé au boycott de la marque, en utilisant le hashtag #BoycottEtam.

    Contactée par Le Parisien, la marque de lingerie a finalement réagi officiellement. « Etam a pris la décision de mettre à pied à titre conservatoire la responsable du magasin de Montpellier et décidera des mesures appropriées à la lumière de l'enquête interne en cours » nous a expliqué la société française.

    « En matière de recrutement, Etam a toujours respecté une stricte politique de non-discrimination à l'embauche et ce, conformément au Droit du Travail en vigueur. Le groupe effectue 5 000 recrutements par an en France. Etam a décidé de renouveler la sensibilisation de leurs équipes, par une formation de leurs responsables de magasins, à la question du recrutement tel qu'il doit se dérouler chez Etam » enchaîne la marque dans sa réponse à nos questions.

    « Enfin, dans son règlement intérieur, conformément à la loi El Khomri de 2016, Etam adopte un principe de totale neutralité politique, philosophique et religieuse » conclut Etam.

    En entreprise, le voile peut être interdit dans certains cas

    Selon un guide rédigé par l'Observatoire de la laïcité et publié par le gouvernement, « aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement en raison de ses convictions religieuses ».

    En revanche, une entreprise peut empêcher à ses salariés de porter des signes religieux si cette interdiction « est justifiée par la nature de la tâche à accomplir et proportionnée au but recherché », selon le Code du travail.

    Concrètement, cela signifie que « la manifestation de liberté de conscience en entreprise ne doit pas entraver les règles d'hygiène, les règles de sécurité et ne doit pas relever du prosélytisme ». Le port des signes religieux ne doit pas non plus empêcher la bonne marche de l'entreprise.

    Une salariée musulmane « qui porte un vêtement couvrant de la tête aux pieds alors qu'elle est vendeuse de sous-vêtements et d'articles de mode féminin peut être sanctionnée, car sa tenue ne correspond pas à l'image et à la tendance de la boutique qu'elle doit refléter en raison de son rôle de conseil à la clientèle », expliquait ainsi à ce sujet l'Observatoire de la laïcité dans nos colonnes en 2016.